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lundi 2 juillet 2012

[Music ITW] Crescendo!





C’est sous un superbe rayon de soleil que j’ai eu l’immense plaisir de réaliser l’interview de Crescendo. Ce jeune rappeur qui monte en puissance comme son nom de scène l’indique. Pour plus d’un, il est la meilleure découverte musicale de cette année 2012.




En quelques mots, peux-tu te présenter?
Moi c’est Crescendo aka Lyrical Shendoc  pour les intimes. J’ai vingt ans, je suis rappeur solo, guitariste et beatmaker. Je rap également dans le groupe RectoVerso avec mon vieux poto Donkey'K.

Quelle signification exacte donnes-tu à ton nom de scène?
Crescendo c’est quelque chose qui monte littéralement en puissance. Il s’agit d’un mot Italien qui a d’abord été utilisé dans la musique classique. C’est l’effet crescendo quand la musique s’amplifie progressivement. Moi, je m’apparente à cela car j’essaie de toujours faire mieux que ce que j’ai fait précédemment. A chaque couplet que j’écris, je me dis: faut que je fasse encore mieux ou au mininum aussi bien que le précédent. Toutes les fois que je crée un projet j’essaie de me mettre la barre plus haute donc au final je trouve que ça me correspond plutôt pas mal.

Tu vis en France et fais tes études en Belgique. Que penses-tu de la Belgique?
En fait, je fais mes études en Belgique mais j’y suis aussi né. Je suis parti en France à l’âge de trois ans et c'est là que j'ai grandi et que mes parents se sont installés. Sinon, je connais assez bien la Belgique même si je n’y ai pas grandi. Je pense que c’est un pays chaleureux qui aime un peu trop la bière (rire). Les gens sont accueillant, sympa et sont dans un délire relativement différent de la mentalité française. Cependant, je n’y resterai pas toute ma vie mais c’est agréable d’avoir pu la découvrir durant un bon moment.

Tes premiers pas dans le rap, c’était quand, avec qui et avec quel désir?
Mes premiers pas dans le rap, c’était à l’âge de quinze ans. Je ne sais pas si on peut appeler cela un premier pas mais c’était la première fois que j’ai écrit du rap. C’était avec mon cousin MC-C qui vient d’Angers. Il est venu chez moi, lui, rappait depuis déjà un certain temps et il m’a chauffé pour faire un morceau. Comme j’adore le rap, je me suis dit: allé pourquoi pas essayer. On a enregistré un truc à l’arrache. J'ai kiffé et j'me suis mis à penser régulièrement à écrire des prhases, trouver des rimes... C'est un truc qu'on faisait de temps en temps avec Donkey'K au collège, mais c'était encore loin de ce qu'on peut appeler aujourd'hui du rap... Ca s'est fait progressivement.

Parle nous un peu de ta mixtape: “Les bonnes choses ont une faim”?
Alors, “les bonnes choses ont une faim” c’est la première mixtape que j’ai sorti. J’ai décidé de faire “le maximum avec le minimum de moyen”. C’est-à-dire juste un morceau de texte, une instru et un mic'. “Les bonnes choses ont une faim” c’est un petit truc qui représente bien, la façon dont j’appréhende “la musique” parce que je trouve que quand tu as une passion dans la vie ou un truc que tu kiffs c’est toujours nourrit par une sorte d’ambition qu’il ne faut pas perdre de vue. Un jour je me suis dit: tiens, j’aimerais bien faire du rap. Mon cousin, il est venu on a essayé et aujourd’hui je pense que j’y suis parvenu. Un autre jour, je me suis dit: tiens,  j’aimerais savoir jouer de la guitare. Quelques semaines après, je savais en jouer. Je ne pensais jamais pouvoir réussir à atteindre un niveau comme celui-ci. Je trouve que c’est un titre qui me représente bien.

Il s’agit d’un premier projet que tu sors ou il y en a eu d’autres dans le passé?
C’est le premier projet que je sors et qui aboutit. Après dans le passé, j’avais un groupe avant qui s’appelait: Le Cool. Je jouais de la guitare, de la basse et je rappais. On jouait de la Funk avec une petite tournure Hip-Hop. Et on avait commencé à écrire des morceaux et puis ça n’a jamais abouti parce qu’on s’est séparé avec les aléas de la vie. Après le bac tout le monde bougeait dans une ville différente et ça devenait compliqué, mais bon ce sont des excellents potes, des vrais zicos comme on dit et il n'est pas dit qu'on puisse pas les retrouver sur un de mes futur projets ou carrément dans un projet en collab, on verra bien!

Apparemment, tu passes ton temps à rimer. Tes rimes, elles te viennent d’où?
Mes rimes, elles me viennent de mon inspiration. C’est le truc qui m’a donné l’envie de rapper. Je me rappelle que j’écoutais un CD de Youssoupha, c’est un rappeur que je trouve très technique dans ses rimes. C’est agréable à l’oreille quand tu entends un rappeur avec beaucoup de rimes qui reviennent. Je trouve que c’est une preuve de “savoir-faire”. Après, il ne faut pas se fixer là-dessus car si ça rime et que ça n’a pas de sens ce n’est pas intéressant. Pour moi, la rime c’est justement le parfait accord entre le fond et la forme.

Quel est processus d’écriture?
En fait, moi, quand j’écris j’ai plusieurs manières de procéder. Tous les jours, quand je prends le train par exemple ça m’arrive de penser à des choses  en particulier. Quand je trouve cela pertinent, je note ces pensées dans mon téléphone. Quand j’ai décidé de me poser en mode écriture, je prends mon Ipod, une feuille et un stylo. Je me mets à écrire et je me dis: tiens, la phrase que j’ai trouvée la dernière fois, elle passe bien là dedans. Mais en général, c’est l’instru que j’écoute qui m’inspire un thème. C'est plutôt rare que j'écrive un texte entier sans musique dans les oreilles.

A travers tes paroles, tu sembles être une personne qui a l’imagination fertile. Tu sors d’où cette manière minutieuse de faire les choses?
C’est du perfectionnisme parce que tous les artistes que j’admire en musique le sont. Là, où je veux en venir, c’est que dans le rap ça prend vite une tournure “brouillonne” une instru, un 16, un refrain et voilà c’est réglé. Moi, je considère que c’est de la musique avant d’être du rap d’où l’importance d’être minutieux. Il y a un artiste en particulier qui m’a donné cette envie c’est  “M” Mathieu Chedid. Dans son DVD, on le voit dans son studio entrain de composer sa musique, de perfectionner son album et on voit que pour lui chaque détail compte. Et quand je vois ça, je me dis que cela doit être identique dans le rap. Ces petits détails ça va de tes schémas de rimes à la fluidité de ton texte quand il est rappé, en passant par ta justesse vocale... Faut arrêter de croire qu'en rap il suffit de brailler, c'est différent du chant mais le son qu'on produit c'est forcément un ton, une note donc chercher la justesse avec l'instru dans ta manière de poser, ça ne peut que rendre le truc plus agréable à écouter.

Selekta K-One amène quelques sons sur tes morceaux. Comment est-ce né?
On s’est rencontré pour la première fois sur une scène à La Louvière. J’avais été invité par le collectif My Brother. En fait jusqu’à là, j’avais toujours été seul sur scène du moins sans DJ. C’est quelque chose que je ne connaissais pas, je prenais ma clé USB et puis voilà le son passait. Ce jour là, il était là, il m’a dit: si tu veux je peux mixer derrière pendant que tu joues. On a fait ce live et il rajoutait des scratchs, des cuts, et j'ai vraiment senti que c'était 20 fois plus chaleureux que tous mes lives auparavant,  j’ai compris l’utilité d’avoir un DJ. C'est un DJ qui a énormément d'expérience et donc ça rend vraiment le show beaucoup plus carré... A côté de ça c'est un gars vachement humble qui a une culture musicale énorme! On échange beaucoup et le courant passe très bien, donc vu que c'était appréciable d'un côté comme de l'autre on a décidé de collaborer, ca s'est fait vraiment naturellement.

Selon toi, un freestyle est plus facile à défendre qu’un morceau?
Heu, oui, ce n’est pas vraiment la même chose en fait pour moi dans un freestyle justement comme son nom l’indique tu parles librement de tout et de rien donc tu n’as pas besoin de te justifier. Tu peux vraiment dire des conneries par exemple, moi, dans mes freestyles ça m’arrive de prendre des personnages et de rentrer dans des délires. Alors il n'est pas dit qu'on puisse pas faire d'un freestyle un morceau, par exemple mon morceau "L'intello" sur ma mixtape illustre bien ce cas. En revanche, quand on dit : un «  morceau » en général les gens pensent "thème", tu parles d'un sujet bien concret, ou bien tu tournes autour d'un axe, dans tous les cas, t'as clairement des comptes à rendre dans ce que tu dis haha, tu parles sincèrement, tu dénonces peut être des trucs, ou tu racontes ton vécu, donc la forcément pour le défendre y'a déjà plus de matière à discuter concrètement.

Pour toi, c’est quoi les ingrédients essentiels d’un bon morceau?
Pour moi, faire un bon morceau c'est se laisser guider par l'inspiration avant tout donc je dirais qu'il y a pas une démarche exclusive à suivre pour en faire un bon, mais maintenant y'a des formules qui reviennent qu'on a tendance à apprécier dans un morceau. Déjà, le titre, certains donnent envie d'écouter et d'autres un peu moins. Ensuite le refrain (si il existe) fait 50% du morceau donc il faut qu'il soit accrocheur. Inévitablement, le sujet du morceau, moi j'pense qu'aujourd'hui on invente plus de thèmes tout ce qui change, c'est la façon dont tu vas amener le truc... A chacun de faire apprécier son originalité, dans le rap c'est courant pour un rappeur de faire un morceau qui parle de femmes, ou d'amour... par exemple et j'ai fait "Je n'en vaux pas la peine" le thème n'est pas nouveau, mais j'pense que j'ai amené le truc à ma manière.

Tu nous réserves quoi pour la suite?
Pour la suite, j'aimerais faire autant de scènes que possible, c'est vraiment un truc que j'apprécie. Sinon, pour ce qui arrive on me verra plus dans le cadre de mon groupe RectoVerso qu’on n’a pas encore eu l'occasion d'entendre énormément. On est en train de boucler un maxi six titres qui va sortir dans le courant de l'été avec quelques clips et puis un deuxième sortira dans la foulée surement vers la rentrée... Et puis de mon côté tout doucement, j'commence à me pencher sur l'idée de mon de mon prochain projet solo... A côté de ça j'reste vraiment dans l'idée Hip-Hop performance! Donc on me reverra surement dans d'autres épisodes de battles ou de concours d'impros!

Quelles sont tes valeurs du hip-hop qui te sont les plus chères?
Pour moi, c'est le respect sous toute ses formes, donc le respect de l'Histoire déja, c'est important de savoir d'où vient cette culture, de connaître ses classiques. Ensuite, le respect de soi même haha, quand tu fais une scène, un morceau, un projet ou quoi que ce soit, il faut donner le meilleur de soi sinon ça sert à rien. Le respect de l'art donc aussi des autres artistes, il faut traiter tout le monde à sa juste valeur... Y'a pas de règles, pas de codes ni quoi que ce soit qui est imposé, tout le monde mérite d'être écouté si le talent est. Si demain j'découvre un rappeur de 14ans qui met des giffles ça aura à mes yeux autant de valeur que celui de 30piges qui a déjà fait moultes albums.

C’est quoi ton regard sur le rap?
J'aime le rap et c'est à la fois la musique qui me fait le plus kiffer et qui me déçoit le plus, je ne suis pas du tout un partisan de ceux qui disent: le rap c’était mieux avant. En tout cas aujourd’hui,  je ne le pense pas mais je reconnais l'avoir pensé à une époque entre 2000 et 2008. J'trouve que ça a tourné en rond pendant un certain moment, musicalement pas très riche, du rap formaté, un discours rébarbatif, un manque de créativité et d'originalité. J'préfère écouter une autre musique comme le Rock, la variété ou encore de la soul que d'écouter ce rap là, d'ailleurs j'ai boycotté le rap français pendant un long moment... Donc j'écoutais des vieux CD de rap que moi j'apprécie ou bien du rap kainry qui m'a jamais vraiment déçu. Bref, aujourd'hui j'dois dire que les choses ont bien changés et j'suis en kiff! Y'a plein d'artistes talentueux, créatif, originaux qui se pointent et qui font les choses, c'est la troisième génération du rap français et le niveau est plus haut que jamais, on peut plus du tout dire que le rap c'était mieux avant... C'est différent. Le seul truc qui me dérange un peu aujourd'hui c’est le public qui freine le rap parce que c’est un public qui va systématiquement mettre les personnes dans des cases. C’est un public qui aime bien qu’il y ait des embrouilles entre un tel et un tel rappeur. Un public qui se permet de choisir qui doit écouter quoi, le rap appartient à tout le monde et à personne! Tout le monde doit kiffer! Voilà, ce que j'en pense en gros.

Peux-tu nous faire une liste brève de tes influences?
En rap français, c’est Doc Gynéco, MC Solaar, Dany Dan, Oxmo et toute l'école de Time Bomb. Je suis très rap des nineties. C’est à ce moment-là, que j’ai commencé à écouter du rap et c'est ce qui me parle le plus, le seul rappeur qui a explosé beaucoup plus tard qui m'a influencé énormément c'est Youssoupha.
En rap américain, c’est Redman, Biggie, Jay-Z, le Wutang et Lauryn Hill, toute l'école new yorkaise.
 Après, je pense que j’ai des influences qui vont au-delà de tout ça, je pourrais dresser une liste énorme.

Tu te montres assez disponible. C’est un privilège pour toi la communication?
Quand on apprécie un artiste, c’est kiffant de voir ce qu’il fait au quotidien. De communiquer directement avec lui, le faire c'est une chose qui ne me dérange absolument pas. Après on va pas s'mentir, on est de la génération Internet, j'en fais partie, je geek derrière mon PC comme tout le monde... Aujourd'hui beaucoup moins faute de temps, mais je l'ai fait souvent et je le fais encore...  J’ai envie de dire ce qui change entre les artistes d’aujourd’hui et les artistes de l’époque c’est que ceux d’aujourd’hui sont beaucoup plus proche de leur public via les réseaux sociaux par exemple.

A ce jour, ton meilleur souvenir c’était où?
Je crois que c’était même pas dans le rap. C’était avec mon ancien groupe. Pendant une longue période on avait un studio qu’on louait. On répétait trois heures tous les vendredis soirs. Et j'ai vachement évolué grâce à ça... Je jouais de la guitare, ça n'a rien à voir avec le rap mais il faut pas oublier que c'est de la musique et on passait des heures à s'éclater, ça partait en impros, on composait des trucs ensemble... Et souvent je me mettais à rapper à un moment ou un autre, inévitablement... Parfois on jouait du rock... Et c'est là que tu te rends compte, qu'on delà de ce qu'on croit, la barrière qui sépare le rock du rap est parfois très mince. 

Il parait que tout le monde a un rêve, quel est le tient?
Mon rêve c’est de réussir à rester heureux toute ma vie jusqu’à  la fin de mes jours. Par la même occasion, rendre mes proches heureux et fiers de moi.

Enfin, tu le sens comment Rap Conterders ? Penses-tu que cela peut-être un tremplin pour toi?
Rap Contenders c'est un excellent exercice pour qui prétend être un vrai MC. C'est  vraiment intense comme expérience, tu te pointes, tu prends ton courage à deux mains et si tu défonces ton adversaire, t'as la fierté de pouvoir te dire, bon bah j'suis un vrai MC haha, malheureusement c'est pas le cas de tout le monde, certains sont des bons rappeurs et n'ont pas le clash dans le sang... Et inversement, moi personnellement j'me considère de loin meilleur rappeur que clasheur mais j'le fais pour le goût du Challenge et parce que c'est vraiment kiffant! Tremplin oui et non, oui parce que ça apporte une visibilité massive sur ton actualité mais ce n’est pas forcément le cas pour tout le monde et à différentes échelles, c'est à chacun de charmer ou non son public. Mais on va pas s'mentir, quand tu as fait un battle tu vois clairement que ça te ramène un public en plus, aussi large ou mince soit il

Tu as un truc à ajouter ou à annoncer? Envie de remercier une personne en particulier?
Merci de suivre mon actualité et rester connecté je vais bientôt arriver avec mon groupe RectoVerso.Je remercie non pas une personne mais tout ceux qui m’écoutent de près ou de loin.

Interviewed by Florence De Manderlier*